Biréli Lagrène vient de publier, le 5 mai dernier, un somptueux album* : « Solo Suites« . Un recueil d’improvisations en solo qui replacent la barre très, très haut… En bref : Attachez-les ceintures et sortez les mouchoirs.
Où s’arrêtera Bireli ? Prodige de la guitare, qu’il apprivoisait déjà avant même d’avoir fini d’apprendre à parler, il a poussé son cursus de Djangologie jusqu’au plus hautes sphères d’où il domine toujours, devenu sans doute le plus brillant héritier du génial manouche.
Sa rencontre en 1985 puis sa collaboration avec Jaco Pastorius (un autre génie) ont élargi ses horizons à un âge où sa vie de musicien, qui se comptait pourtant déjà en années, était en pleine construction. En s’affranchissant d’un héritage aussi fort (et peut-être parfois pesant), Bireli Lagrène a pu multiplier les rencontres et continuer à bâtir un parcours librement, du jazz post-bop au jazz fusion en passant par le métal et des retours fréquents à ses premières amours Reinhardtiennes.
A 55 ans, Bireli propose donc un second album en solo intégral. On se rappelle de « To Bi or not to Bi« , paru chez Dreyfus en 2006 et qui regroupait du matériel live. Ici, sur 17 titres, à l’exception de deux ou trois titres en re-recording et une chanson avec sa fille Zoé au chant, le « boss » s’est retrouvé en totale liberté et sans filets. Dans une interview donnée à France 2 pour l’émission « Télé-Matin », le guitariste confiait qu’il était entré en studio vierge de tout programme, avec juste ce qu’il faut de trames pour donner libre cours a ses talents hors-normes d’improvisateur. Autant dire que le résultat est à la hauteur des attentes.
On savait l’intéressé familier de l’exercice solo sur scène depuis ses débuts mais le corpus proposé ici témoigne riche d’une somme de travail et d’influences qui ont jalonné la carrière de l’artiste. La maturité de la symbiose entre lyrisme et virtuosité frappe dès les premières minutes de ce « Solo Suites » : un album dense et généreux qui saisit autant par l’intensité et la profondeur de son propos que par sa haute maîtrise d’exécution. Les pièces groovy ou techniques sont étourdissantes et les ballades sont poignantes. Une belle réussite.
* Bireli Lagrène « Solo Suites » (P) 2022 PeeWee! / SOCADISC
Biréli Lagrène has just published, on May 5, a sumptuous album*: « Solo Suites ». This collection of solo improvisations set the bar very, very high… In short: Fasten your belts and take out your handkerchiefs.
Where will Bireli stop? A true guitar prodigy, he was already taming the instrument before he had even finished learning to speak. Bireli pushed his Djangology curriculum to the highest spheres from where he still dominates, undoubtlessly becoming the most brilliant heir of the gypsy genius.
His meeting in 1985 and his collaboration with Jaco Pastorius (another genius) broadened his horizons at an age when his life as a musician, which was already started for several years, was in full construction. By freeing himself from such a strong (and perhaps sometimes heavy) heritage, Bireli Lagrène was able to multiply artistic encounters or collaborations and continue to build his path freely, from post-bop jazz to fusion jazz to metal with frequent come-backs to his first Reinhardtish loves.
At 55 years old, Bireli proposes a second solo album. « To Bi or not to BI » was released on Dreyfus Label in 2006 and featured live material. On the 17 tracks from « Solo Suites », with the exception of two or three tracks in re-recording and a song with his daughter Zoe singing, the « boss » found himself in total freedom. In an interview given to French national TV France 2 for the program « Télé-Matin », the guitarist confided that he had entered a studio without any program, only with a few canvas, giving free rein to his amazing improvising talents. The result outstands expectations.
We knew that Bireli Lagrène was familiar of the solo exercise on stage since his beginnings but the corpus here proposed testifies to an impressive sum of work and influences. The maturity of this symbiosis between lyricism and virtuosity strikes from the first minutes of this « Solo Suites » : a dense and generous album that captures as much by the intensity and depth of its subject as by its high mastery of execution. Grooy or techynical pieces will blow your mind as ballads will talk to your soul. Well done M. Lagrène.