« Miri Chterna », le nouvel album de Tchavolo Schmitt.

portrait de Tchavolo Schmitt avec une gapette sur la pochette de son disque Miri Chterna

L’inénarrable Charles « Tchavolo » Schmitt est de retour dans les bacs et sur les plateformes avec un nouvel opus, Miri Chterna.

Fils du vent s’il en est (le mot « bohème » est-il assez fort pour Tchavolo ?), l’alsacien compte une douzaine d’albums à son actif, en son nom ou en collaboration, dont le fameux Miri Familia paru en 2001 chez Djaz. Miri familia, Miri chterna… un petit air de cousinade flotterai-il dans l’air ? Après « Mélancolies d’un soir » avec Samy Daussat en 2014, Tchavolo reste fidèle à sa marque de fabrique : un style sec, incisif, épuré et viril, au swing implacable.

Cet album a été orchestré au pied levé par Edouard Pennes autour d’un concert au Duc des Lombards avec Tchavolo. Tchavolo l’insaisissable est dans les parages ? Pourquoi ne pas faire un beau disque ? Edouard Pennes est heureux membre et producteur du collectif Paris Swing. Il oeuvre également depuis de longues années au sein du RP Quartet. Guitariste redoutable qui n’a rien à envier aux cadors du style, c’est à la contrebasse qu’il accompagne ici Tchavolo. La guitare rythmique est pour sa part tenue par Julien Cattiaux, un « pompiste » de plus en plus sollicité. La section rythmique fournit un accompagnement idéal, engagé et à la précision chirurgicale.

Pour Miri Chterna ( « Mon étoile » en langue Sinti) Tchavolo Schmitt n’a certes pas choisi le répertoire le plus original mais tout simplement celui qui lui ressemble, sa marque de fabrique pour ainsi dire. A regarder la liste des titres, tout bon aficionado du swing manouche sait d’ailleurs immédiatement de qui l’on parle ! « Seul ce soir », « The Sheik of Araby », « Them There Eyes », « Coucou », « J’attendrai »… Bref, vous avez compris.

A l’image de son album culte Miri Familia évoqué plus haut, la prise de son du disque est très directe et naturelle. Elle met en valeur le son des guitares, de la contrebasse, des cordes (un joli quatuor vient planer sur « J’attendrai ») mais aussi de la clarinette de César Poirier (« It Had to Be You », « Them There eyes ») ou du piano de Bastien Brison (« September Song », « Billets doux »).

A vrai dire, on écoute pas Tchavolo pour de l’innovation permanente ou des harmonies sophistiquées, comme on irait goûter de la cuisine moléculaire (Le dernier Bireli Lagrène « Solo suites », par exemple, serait davantage dans cet esprit). Non, mais même si le civet de la grand-mère a toujours le même goût, c’est fou de voir à quel point il demeure savoureux et sans aucun égal. Tchavolo s’écoute un peu comme on écouterait un bluesman authentique : plus que les mots ou les notes, c’est l’esprit (ce swing électrique) qui touche l’auditeur et lui imprime sa marque, même une fois que la musique s’arrête de jouer.

Miri Chterna aura donc sa place dans votre discothèque, a fortiori si vous n’avez encore aucun album de Tchavolo.